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Le Loup et les sept Chevreaux
03/07/2007 14:31
Il était une fois une vieille chèvre qui avait sept chevreaux et les aimait comme chaque mère aime ses enfants. Un jour, elle voulut aller dans la forêt pour rapporter quelque chose à manger, elle les rassembla tous les sept et leur dit : - Je dois aller dans la forêt, mes chers enfants. Faites attention au loup ! S'il arrivait à rentrer dans la maison, il vous mangerait tout crus. Ce bandit sait jouer la comédie, mais il a une voix rauque et des pattes noires, c'est ainsi que vous le reconnaîtrez. - Ne t'inquiète pas, maman, répondirent les chevreaux, nous ferons attention. Tu peux t'en aller sans crainte. La vieille chèvre bêla de satisfaction et s'en alla. Peu de temps après, quelqu'un frappa à la porte en criant : - Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre mère est là et vous a apporté quelque chose. Mais les chevreaux reconnurent le loup à sa voix rude. - Nous ne t'ouvrirons pas, crièrent- ils. Tu n'es pas notre maman. Notre maman a une voix douce et agréable et ta voix est rauque. Tu es un loup ! Le loup partit chez le marchand et y acheta un grand morceau de craie. Il mangea la craie et sa voix devint plus douce. Il revint ensuite vers la petite maison, frappa et appela à nouveau : - Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre maman est de retour et vous a apporté pour chacun un petit quelque chose. Mais tout en parlant il posa sa patte noire sur la fenêtre ; les chevreaux l'aperçurent et crièrent : - Nous ne t'ouvrirons pas ! Notre maman n'a pas les pattes noires comme toi. Tu es un loup ! Et le loup courut chez le boulanger et dit : - Je me suis blessé à la patte, enduis-la-moi avec de la pâte. Le boulanger lui enduisit la patte et le loup courut encore chez le meunier. - Verse de la farine blanche sur ma patte ! commanda-t-il. - Le loup veut duper quelqu'un, pensa le meunier, et il fit des manières. Mais le loup dit : - Si tu ne le fais pas, je te mangerai. Le meunier eut peur et blanchit sa patte. Eh oui, les gens sont ainsi ! Pour la troisième fois le loup arriva à la porte de la petite maison, frappa et cria : - Ouvrez la porte, mes chers petits, maman est de retour de la forêt et vous a apporté quelque chose. - Montre-nous ta patte d'abord, crièrent les chevreaux, que nous sachions si tu es vraiment notre maman. Le loup posa sa patte sur le rebord de la fenêtre, et lorsque les chevreaux virent qu'elle était blanche, ils crurent tout ce qu'il avait dit et ouvrirent la porte. Mais c'est un loup qui entra. Les chevreaux prirent peur et voulurent se cacher. L'un sauta sous la table, un autre dans le lit, le troisième dans le poêle, le quatrième dans la cuisine, le cinquième s'enferma dans l'armoire, le sixième se cacha sous le lavabo et le septième dans la pendule. Mais le loup les trouva et ne traina pas : il avala les chevreaux, l'un après l'autre. Le seul qu'il ne trouva pas était celui caché dans la pendule. Lorsque le loup fut rassasié, il se retira, se coucha sur le pré vert et s'endormit. Peu de temps après, la vieille chèvre revint de la forêt. Ah, quel triste spectacle l'attendait à la maison ! La porte grande ouverte, la table, les chaises, les bancs renversés, le lavabo avait volé en éclats, la couverture et les oreillers du lit traînaient par terre. Elle chercha ses petits, mais en vain. Elle les appela par leur nom, l'un après l'autre, mais aucun ne répondit. C'est seulement lorsqu'elle prononça le nom du plus jeune qu'une petite voix fluette se fit entendre : - Je suis là, maman, dans la pendule ! Elle l'aida à en sortir et le chevreau lui raconta que le loup était venu et qu'il avait mangé tous les autres chevreaux. Imaginez combien la vieille chèvre pleura ses petits ! Toute malheureuse, elle sortit de la petite maison et le chevreau courut derrière elle. Dans le pré, le loup était couché sous l'arbre et ronflait à en faire trembler les branches. La chèvre le regarda de près et observa que quelque chose bougeait et grouillait dans son gros ventre. - Mon Dieu, pensa-t-elle, et si mes pauvres petits que le loup a mangés au dîner, étaient encore en vie ? Le chevreau dut repartir à la maison pour rapporter des ciseaux, une aiguille et du fil. La chèvre cisailla le ventre du monstre, et aussitôt le premier chevreau sortit la tête ; elle continua et les six chevreaux en sortirent, l'un après l'autre, tous sains et saufs, car, dans sa hâte, le loup glouton les avaient avalés tout entiers. Quel bonheur ! Les chevreaux se blottirent contre leur chère maman, puis gambadèrent comme le tailleur à ses noces. Mais la vieille chèvre dit : - Allez, les enfants, apportez des pierres, aussi grosses que possible, nous les fourrerons dans le ventre de cette vilaine bête tant qu'elle est encore couchée et endormie. Et les sept chevreaux roulèrent les pierres et en farcirent le ventre du loup jusqu'à ce qu'il soit plein. La vieille chèvre le recousit vite, de sorte que le loup ne s'aperçut de rien et ne bougea même pas.
Quand il se réveilla enfin, il se leva, et comme les pierres lui pesaient dans l'estomac, il eut très soif. Il voulut aller au puits pour boire, mais comme il se balançait en marchant, les pierres dans son ventre grondaient.
Cela grogne, cela gronde, mon ventre tonne ! J'ai avalé sept chevreaux, n'était-ce rien qu'une illusion ? Et de lourdes grosses pierres les remplacèrent.
Il alla jusqu'au puits, se pencha et but. Les lourdes pierres le tirèrent sous l'eau et le loup se noya lamentablement. Les sept chevreaux accoururent alors et se mirent à crier : - Le loup est mort, c'en est fini de lui ! Et ils se mirent à danser autour du puits et la vieille chèvre dansa avec eux.
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Les Trois Petits Cochons
03/07/2007 14:25
Il était une fois trois petits cochons qui vivaient avec leur maman dans une petite chaumière. Un jour, La maman appela ses trois fils et leur dit qu'elle ne pouvait plus les élever parce qu'elle était trop pauvre. Je voudrais que vous partiez d'ici et construisiez votre maison, dit-elle, mais prenez garde qu'elle soit bien solide pour que le grand méchant loup ne puisse entrer et vous manger. La maman embrassa ses trois petits cochons et leur dit au revoir les larmes aux yeux. Ils s'en allèrent de chez eux construire leurs maisons.
Le premier petit cochon rencontra un homme portant une botte de paille. - "Puis-je avoir un peu de paille pour construire ma maison ?" demanda le petit cochon. Et l'homme lui donna de la paille.
Le second petit cochon avait rencontré un homme qui portait un chargement de bois. - "Puis-je avoir quelques bouts de bois pour construire ma maison ?" demanda le petit cochon. Et l'homme lui donna le bois.
Le troisième petit cochon, lui avait rencontré un homme chargé de briques. S'il vous plaît, Monsieur, demanda le troisième petit cochon, puis-je avoir quelques briques pour construire ma maison ? L'homme lui donna assez de briques pour bâtir une grande et solide maison.
Les trois petits cochons rentraient joyeusement chez eux quand le grand méchant loup les aperçut. "Comme ils doivent être tendres! Lequel vais-je manger en premier ? Je vais commencer par le petit cochon dans la maison de paille !" Il frappa à la porte. Petit cochon, gentil petit cochon, laisse moi entrer ? Non, Non ! Par le poil de mon petit menton ! Alors, je vais souffler et ta maison s'envolera! Le loup gonfla ses joues, souffla, souffla de toutes ses forces, et la maison de paille s'envola. Au secours ! Cria le premier petit cochon en courant vers la maison de bois de son frère.
A peine celui-ci eut-il refermé la porte que le loup frappa. Petits cochons, gentils petits cochons, laissez moi entrer ? Non, non! Par le poil de nos petits mentons! répondirent les deux frères. Alors,je vais souffler, souffler, et votre maison s'envolera! Le loup se gonfla les joues, souffla, souffla de toutes ses forces, et la maison de bois s'envola. Au secours ! crièrent les deux petits cochons en courant aussi vite que possible vers la maison de briques de leur frère.
Ici, vous ne risquez rien! leur dit-il. Bientôt, la voix du loup résonna. "Petits cochons, gentils petits cochons, je peux entrer ?" Non! non! Par le poil de nos petits mentons ! Alors, vous allez voir, hurla le loup, je vais souffler sur votre maison, et je vais la démolir ! Il prit alors sa plus profonde respiration et souffla comme un fou. Mais cette fois-ci, il ne réussit pas à mettre la maison par terre.
Cela rendit le loup fou furieux. Il decida de passer par la cheminée de la petite maison. Pendant ce temps, le troisième petit cochon, qui était très rusé, alluma un grand feu dans la cheminée et y posa un chaudron rempli d'eau. Quand le loup descendit dans la cheminée, il tomba tout droit dedans. Il poussa un hurlement qu'on entendit à des kilomètres à la ronde et repartit comme il était venu, par la cheminée. On n'entendit plus jamais parler de lui.
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La Chèvre de Mr Seguin
03/07/2007 14:14
M. Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C'était, parait-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté. Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était consterné. Il disait : - C'est fini ; les chèvres s'ennuient chez moi, je n'en garderai pas une. Cependant, il ne se découragea pas, et, après avoir perdu six chèvres de la même manière, il en acheta une septième ; seulement, cette fois, il eut soin de la prendre toute jeune, pour qu'elle s'habituât à demeurer chez lui. Ah ! Gringoire, qu'elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin ! qu'elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! C'était presque aussi charmant que le cabri d'Esméralda, tu te rappelles, Gringoire ? - et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l'écuelle. Un amour de petite chèvre... M. Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d'aubépines. C'est là qu'il mit la nouvelle pensionnaire. Il l'attacha à un pieu, au plus bel endroit du pré, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps en temps, il venait voir si elle était bien. La chèvre se trouvait très heureuse et broutait l'herbe de si bon coeur que M. Seguin était ravi. - Enfin, pensait le pauvre homme, en voilà une qui ne s'ennuiera pas chez moi !
M. Seguin se trompait, sa chèvre s'ennuya. Un jour, elle se dit en regardant la montagne : - Comme on doit être bien là-haut ! Quel plaisir de gambader dans la bruyère, sans cette maudite longe qui vous écorche le cou !... C'est bon pour l'âne ou pour le boeuf de brouter dans un clos !... Les chèvres, il leur faut du large. A partir de ce moment, l'herbe du clos lui parut fade. L'ennui lui vint. Elle maigrit, son lait se fit rare. C'était pitié de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la tête tournée du côté de la montagne, la narine ouverte, en faisant Mê!.. tristement. M. Seguin s'apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c'était... Un matin, comme il achevait de la traire, la chèvre se retourna et lui dit dans son patois : - Écoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne. - Ah ! mon Dieu !... Elle aussi ! cria M. Seguin stupéfait, et du coup il laissa tomber son écuelle ; puis, s'asseyant dans l'herbe à côté de sa chèvre : - Comment, Blanquette, tu veux me quitter ! Et Blanquette répondit : - Oui, monsieur Seguin. - Est-ce que l'herbe te manque ici ? - Oh! non ! monsieur Seguin. - Tu es peut-être attachée de trop court, veux-tu que j'allonge la corde ? - Ce n'est pas la peine, monsieur Seguin. - Alors, qu'est-ce qu'il te faut ? qu'est-ce que tu veux ? - Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin. - Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu'il y a le loup dans la montagne... Que feras-tu quand il viendra ?... - Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Seguin. - Le loup se moque bien de tes cornes. Il m'a mangé des biques autrement encornées que toi... Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui était ici l'an dernier ? une maîtresse chèvre, forte et méchante comme un bouc. Elle s'est battue avec le loup toute la nuit... puis, le matin, le loup l'a mangée. - Pécaïre ! Pauvre Renaude !... Ça ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la montagne. - Bonté divine !... dit M. Seguin ; mais qu'est-ce qu'on leur fait donc à mes chèvres ? Encore une que le loup va me manger... Eh bien, non... je te sauverai malgré toi, coquine ! et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais t'enfermer dans l'étable et tu y resteras toujours.
Là-dessus, M. Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte à double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre et à peine eut-il tourné, que la petite s'en alla... Tu ris, Gringoire ? Parbleu ! je crois bien ; tu es du parti des chèvres, toi, contre ce bon M. Seguin... Nous allons voir si tu riras tout à l'heure. Quand la chèvre blanche arriva dans la montagne, ce fut un ravissement général. Jamais les vieux sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les châtaigniers se baissaient jusqu'à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient. Toute la montagne lui fit fête. Tu penses, Gringoire, si notre chèvre était heureuse ! Plus de corde, plus de pieu... rien qui l'empêchât de gambader, de brouter à sa guise... C'est là qu'il y en avait de l'herbe ! jusque par-dessus les cornes, mon cher !... Et quelle herbe ! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes... C'était bien autre chose que le gazon du clos. Et les fleurs donc !... De grandes campanules bleues, des digitales de pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capiteux !... La chèvre blanche, à moitié saoule, se vautrait là-dedans les jambes en l'air et roulait le long des talus, pêle-mêle avec les feuilles tombées et les châtaignes... Puis, tout à coup elle se redressait d'un bond sur ses pattes. Hop ! la voilà partie, la tête en avant, à travers les maquis et les buissières, tantôt sur un pic, tantôt au fond d'un ravin, là-haut, en bas, partout... On aurait dit qu'il y avait dix chèvres de M. Seguin dans la montagne. C'est qu'elle n'avait peur de rien la Blanquette. Elle franchissait d'un saut de grands torrents qui l'éclaboussaient au passage de poussière humide et d'écume. Alors, toute ruisselante, elle allait s'étendre sur quelque roche plate et se faisait sécher par le soleil... Une fois, s'avançant au bord d'un plateau, une fleur de cytise aux dents, elle aperçut en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Seguin avec le clos derrière. Cela la fit rire aux larmes. - Que c'est petit ! dit-elle ; comment ai-je pu tenir là-dedans ? Pauvrette ! de se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi grande que le monde... En somme, ce fut une bonne journée pour la chèvre de M. Seguin. Vers le milieu du jour, en courant de droite et de gauche, elle tomba dans une troupe de chamois en train de croquer une lambrusque à belles dents. Notre petite coureuse en robe blanche fit sensation. On lui donna la meilleure place à la lambrusque, et tous ces messieurs furent très galants... Il parent même, - ceci doit rester entre nous, Gringoire, - qu'un jeune chamois à pelage noir, eut la bonne fortune de plaire à Blanquette. Les deux amoureux s'égarèrent parmi le bois une heure ou deux, et si tu veux savoir ce qu'ils se dirent, va le demander aux sources bavardes qui courent invisibles dans la mousse. Tout à coup le vent fraîchit. La montagne devint violette ; c'était le soir. - Déjà ! dit la petite chèvre ; et elle s'arrêta fort étonnée. En bas, les champs étaient noyés de brume. Le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toit avec un peu de fumée. Elle écouta les clochettes d'un troupeau qu'on ramenait, et se sentit l'âme toute triste... Un gerfaut, qui rentrait, la frôla de ses ailes en passant. Elle tressaillit... puis ce fut un hurlement dans la montagne : - Hou ! hou ! Elle pensa au loup ; de tout le jour la folle n'y avait pas pensé... Au même moment une trompe sonna bien loin dans la vallée. C'était ce bon M. Seguin qui tentait un dernier effort. - Hou ! hou !... faisait le loup. - Reviens ! reviens !... criait la trompe. Blanquette eut envie de revenir ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa que maintenant elle ne pouvait plus se faire à cette vie, et qu'il valait mieux rester. La trompe ne sonnait plus...
La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles. Elle se retourna et vit dans l'ombre deux oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient... C'était le loup. Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il était là regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par avance. Comme il savait bien qu'il la mangerait, le loup ne se pressait pas ; seulement, quand elle se retourna, il se mit à rire méchamment. - Ah ! ha ! la petite chèvre de M. Seguin ! et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines d'amadou. Blanquette se sentit perdue... Un moment, en se rappelant l'histoire de la vieille Renaude, qui s'était battue toute la nuit pour être mangée le matin, elle se dit qu'il vaudrait peut-être mieux se laisser manger tout de suite ; puis, s'étant ravisée, elle tomba en garde, la tête basse et la corne en avant, comme une brave chèvre de M. Seguin qu'elle était... Non pas qu'elle eût l'espoir de tuer le loup, - les chèvres ne tuent pas le loup, - mais seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude... Alors le monstre s'avança, et les petites cornes entrèrent en danse. Ah ! la brave chevrette, comme elle y allait de bon coeur ! Plus de dix fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup à reculer pour reprendre haleine. Pendant ces trêves d'une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine... Cela dura toute la nuit. De temps en temps la chèvre de M. Seguin regardait les étoiles danser dans le ciel clair, et elle se disait : - Oh ! pourvu que je tienne jusqu'à l'aube... L'une après l'autre, les étoiles s'éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de coups de dents... Une lueur pâle parut dans l'horizon... Le chant du coq enroué monta d'une métairie. - Enfin ! dit la pauvre bête, qui n'attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s'allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de sang... Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea. Adieu, Gringoire !
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Histoire : La Louve De Rome....
03/07/2007 14:05
L'oeuvre, dont le thème fait référence à la célèbre Louve du capitole de Rome, s'inspire librement d'un autre prototype antique dont une version fragmentaire ee porphyre était très admirée au XVIème siècle.
Amilius, fils de Procas et descendant d'Enée, est le frère cadet de Numitor à qui il usurpera le trône d'Albe-la-Longue dans le Latium. Il obligera Rhéa Silvia, la fille unique de Numitor, à rester vierge en se consacrant à Vesta, de manière à ne pas lui opposer un héritier légitime. Le dieu Mars, qui s'unira à elle dans un bois sacré, engendrera ses deux fils jumeaux, Romulus et Rémus. Amulius emprisonnera Rhéa et ordonnera la mort, par noyade dans le Tibre, des nouveau-nés. Les serviteurs déposeront le berceau sur une planche qui naviguera sur le fleuve en crue. Il accostera près du figuier Ruminal (ruina : mamelle).
Une louve et pivert les nourriront jusqu'à ce qu'un berger, Faustulus, les prenne sous sa secrètement protection et les confie à sa femme Acca (ou Acca Larentia). Devenus adolescents, Romus (Romain) et Romulus participeront à des expéditions contre les brigands et contre les troupeaux de Numitor. Ils seront capturés dans une embuscade lors des Lupercalia, fête du dieu Pan. Le roi Amulius, apprenant que les adolescents avaient volé les troupeaux de Numitor, les livrera à son frère. Numitor découvrira, au cours de l'interrogatoire et en découvrant le berceau précieusement conservé par Faustulus, que les jumeaux ses petits-fils qu'il avait perdus. Numitor reprendra possession du trône, à la suite d'une rébellion organisée par ses fils qui tueront leur grand-oncle Amulius. Le poète Naevius rapporte une version selon laquelle Amilius était un vieillard qui accueillera avec joie la découverte de Romulus et Rémus.
Ce que j'en pense...:J'ai bien cette histoire, au moin à Rome on parle de Loups(ves) !
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Le Loup Et Chasseur
02/07/2007 20:23
Fureur d'accumuler, monstre de qui les yeux Regardent comme un point tous les bienfaits des Dieux, Te combattrai-je en vain sans cesse en cet ouvrage ? Quel temps demandes-tu pour suivre mes leçons ? L'homme, sourd à ma voix comme à celle du sage, Ne dira-t-il jamais : C'est assez, jouissons ? - Hâte-toi, mon ami, tu n'as pas tant à vivre. Je te rebats ce mot, car il vaut tout un livre : Jouis. - Je le ferai. - Mais quand donc ? - Dès demain. - Eh ! mon ami, la mort te peut prendre en chemin. Jouis dès aujourd'hui : redoute un sort semblable A celui du Chasseur et du Loup de ma fable. Le premier de son arc avait mis bas un daim. Un Faon de Biche passe, et le voilà soudain Compagnon du défunt ; tous deux gisent sur l'herbe. La proie était honnête ; un Daim avec un Faon, Tout modeste Chasseur en eût été content : Cependant un Sanglier, monstre énorme et superbe, Tente encor notre archer, friand de tels morceaux. Autre habitant du Styx : la Parque et ses ciseaux Avec peine y mordaient ; la Déesse infernale Reprit à plusieurs fois l'heure au monstre fatale. De la force du coup pourtant il s'abattit. C'était assez de biens ; mais quoi ? rien ne remplit Les vastes appétits d'un faiseur de conquêtes. Dans le temps que le Porc revient à soi, l'archer Voit le long d'un sillon une perdrix marcher, Surcroît chétif aux autres têtes. De son arc toutefois il bande les ressorts. Le sanglier, rappelant les restes de sa vie, Vient à lui, le découd, meurt vengé sur son corps ; Et la perdrix le remercie. Cette part du récit s'adresse au convoiteux : L'avare aura pour lui le reste de l'exemple. Un Loup vit, en passant, ce spectacle piteux. O fortune, dit-il, je te promets un temple. Quatre corps étendus ! que de biens ! mais pourtant Il faut les ménager, ces rencontres sont rares. (Ainsi s'excusent les avares.) J'en aurai, dit le Loup, pour un mois, pour autant. Un, deux, trois, quatre corps, ce sont quatre semaines, Si je sais compter, toutes pleines. Commençons dans deux jours ; et mangeons cependant La corde de cet arc ; il faut que l'on l'ait faite De vrai boyau ; l'odeur me le témoigne assez. En disant ces mots, il se jette Sur l'arc qui se détend, et fait de la sagette Un nouveau mort, mon Loup a les boyaux percés. Je reviens à mon texte. Il faut que l'on jouisse ; Témoin ces deux gloutons punis d'un sort commun ; La convoitise perdit l'un ; L'autre périt par l'avarice.
Commentaire de Marlene (03/07/2007 10:58) :
j'ai trouve bisous
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