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Le Loup Et Chasseur
02/07/2007 20:23
Fureur d'accumuler, monstre de qui les yeux Regardent comme un point tous les bienfaits des Dieux, Te combattrai-je en vain sans cesse en cet ouvrage ? Quel temps demandes-tu pour suivre mes leçons ? L'homme, sourd à ma voix comme à celle du sage, Ne dira-t-il jamais : C'est assez, jouissons ? - Hâte-toi, mon ami, tu n'as pas tant à vivre. Je te rebats ce mot, car il vaut tout un livre : Jouis. - Je le ferai. - Mais quand donc ? - Dès demain. - Eh ! mon ami, la mort te peut prendre en chemin. Jouis dès aujourd'hui : redoute un sort semblable A celui du Chasseur et du Loup de ma fable. Le premier de son arc avait mis bas un daim. Un Faon de Biche passe, et le voilà soudain Compagnon du défunt ; tous deux gisent sur l'herbe. La proie était honnête ; un Daim avec un Faon, Tout modeste Chasseur en eût été content : Cependant un Sanglier, monstre énorme et superbe, Tente encor notre archer, friand de tels morceaux. Autre habitant du Styx : la Parque et ses ciseaux Avec peine y mordaient ; la Déesse infernale Reprit à plusieurs fois l'heure au monstre fatale. De la force du coup pourtant il s'abattit. C'était assez de biens ; mais quoi ? rien ne remplit Les vastes appétits d'un faiseur de conquêtes. Dans le temps que le Porc revient à soi, l'archer Voit le long d'un sillon une perdrix marcher, Surcroît chétif aux autres têtes. De son arc toutefois il bande les ressorts. Le sanglier, rappelant les restes de sa vie, Vient à lui, le découd, meurt vengé sur son corps ; Et la perdrix le remercie. Cette part du récit s'adresse au convoiteux : L'avare aura pour lui le reste de l'exemple. Un Loup vit, en passant, ce spectacle piteux. O fortune, dit-il, je te promets un temple. Quatre corps étendus ! que de biens ! mais pourtant Il faut les ménager, ces rencontres sont rares. (Ainsi s'excusent les avares.) J'en aurai, dit le Loup, pour un mois, pour autant. Un, deux, trois, quatre corps, ce sont quatre semaines, Si je sais compter, toutes pleines. Commençons dans deux jours ; et mangeons cependant La corde de cet arc ; il faut que l'on l'ait faite De vrai boyau ; l'odeur me le témoigne assez. En disant ces mots, il se jette Sur l'arc qui se détend, et fait de la sagette Un nouveau mort, mon Loup a les boyaux percés. Je reviens à mon texte. Il faut que l'on jouisse ; Témoin ces deux gloutons punis d'un sort commun ; La convoitise perdit l'un ; L'autre périt par l'avarice.
Commentaire de Marlene (03/07/2007 10:58) :
j'ai trouve bisous
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Le Loup Et Le Renard
02/07/2007 20:18
LE LOUP ET LE RENARD
D'où vient que personne en la vie N'est satisfait de son état ? Tel voudrait bien être Soldat A qui le Soldat porte envie. (1)
Certain Renard voulut, dit-on, Se faire Loup. Hé ! qui peut dire Que pour le métier de Mouton Jamais aucun Loup ne soupire ?
Ce qui m'étonne est qu'à huit ans Un Prince en Fable ait mis la chose, Pendant que sous mes cheveux blancs Je fabrique à force de temps Des vers moins sensés que sa prose.
Les traits dans sa fable semés Ne sont en l'ouvrage du poète Ni tous, ni si bien exprimés. Sa louange en est plus complète.
De la chanter sur la musette, C'est mon talent ; mais je m'attends Que mon Héros, dans peu de temps Me fera prendre la trompette.
Je ne suis pas un grand prophète ; Cependant je lis dans les cieux Que bientôt ses faits glorieux Demanderont plusieurs Homères ; Et ce temps-ci n'en produit guères. Laissant à part tous ces mystères, Essayons de conter la fable avec succès.
Le Renard dit au Loup : Notre cher, pour tous mets J'ai souvent un vieux Coq, ou de maigres Poulets ; C'est une viande qui me lasse. Tu fais meilleure chère avec moins de hasard. J'approche des maisons, tu te tiens à l'écart. Apprends-moi ton métier, Camarade, de grâce : Rends-moi le premier de ma race Qui fournisse son croc de quelque Mouton gras, Tu ne me mettras point au nombre des ingrats. Je le veux, dit le Loup ; il m'est mort un mien frère ; Allons prendre sa peau, tu t'en revêtiras. Il vint, et le Loup dit : Voici comme il faut faire Si tu veux écarter les Mâtins du Troupeau. Le Renard, ayant mis la peau, Répétait les leçons que lui donnait son maître. D'abord il s'y prit mal, puis un peu mieux, puis bien, Puis enfin il n'y manqua rien. A peine il fut instruit autant qu'il pouvait l'être, Qu'un Troupeau s'approcha. Le nouveau Loup y court Et répand la terreur dans les lieux d'alentour. Tel (2) vêtu des armes d'Achille, Patrocle mit l'alarme au camp et dans la ville : Mères, brus et vieillards au temple couraient tous. L'ost (3) au Peuple bêlant crut voir cinquante Loups. Chien, Berger, et Troupeau, tout fuit vers le village, Et laisse seulement une Brebis pour gage. Le larron s'en saisit. A quelque pas de là Il entendit chanter un Coq du voisinage. Le Disciple aussitôt droit au Coq s'en alla, Jetant bas sa robe de classe, (4) Oubliant les Brebis, les leçons, le Régent, Et courant d'un pas diligent. Que sert-il qu'on se contrefasse ? Prétendre ainsi changer est une illusion : L'on reprend sa première trace A la première occasion. De votre esprit, que nul autre n'égale, Prince, ma Muse tient tout entier ce projet : Vous m'avez donné le sujet, Le dialogue, et la morale. (5)
De J.De La Fontaine.
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